Quel lien entre changement d’heure et économies d’énergie ?

L’objectif du changement d'heure n’a jamais varié : faire des économies d’énergie. Les débats concernant l’efficacité (réelle ou supposée) du changement d’heure, eux non plus, n’ont jamais cessé d’animer les quidam et les experts. Au point que l’Europe toute entière évoquait une suppression du changement d’heure en 2019, puis en 2021 – mais les décisions concrètes se font encore attendre… Alors, où en sommes-nous vraiment ? Le changement d’heure était-il une bonne idée ? A-t-elle bien vieilli ? On mène l’enquête !

Histoire du changement d'heure

On entend souvent dire que le changement d’heure, en France, date de 1976. C’est vrai. Mais c’est aussi faux. Car l’idée du changement d’heure est beaucoup plus ancienne. Elle était déjà pratiquée dans l’antiquité romaine, sous une forme légèrement différente ; à l’époque, on mesurait les heures avec des sabliers, mais on utilisait en hiver des sabliers plus petits, et donc, les heures étaient plus courtes !

L’idée moderne de “changement d’heure” aurait été ressuscitée vers le début du XXe siècle, sous l’impulsion du britannique William Willett, qui menait une campagne contre le “gaspillage de lumière”. En 1916, l’Allemagne et le Royaume-Uni sont les premiers pays à changer officiellement d’heure deux fois par an. La France emboite le pas dès l’année suivante, comme d’autres pays occidentaux petit à petit.

Chez nous, le changement d’heure est aboli au lendemain de la seconde guerre mondiale, pour refaire surface, effectivement, au moment des chocs pétroliers.

Les principes aux origines du changement d’heure d’été

Du temps qu’il vivait en France, Benjamin Franklin écrivit au Journal de Paris un petit article à teneur satirique. Il y suggérait que les Parisiens se lèvent plus tôt le matin, pour mieux profiter du jour et, par conséquent, faire des économies de bougie. Beaucoup de lecteurs ne goûtèrent pas la plaisanterie et s’indignèrent, auprès du journal, qu’un Américain suggère de raboter la légendaire nonchalance des pays latins.

Pourtant, deux siècles plus tard, le changement d’heure est une tradition bien ancrée dans nos vies. Sans blague.

Mieux profiter du soleil

L’idée du changement d’heure est simple : faire correspondre au maximum les activités humaines avec les périodes d’ensoleillement. En effet, nous consommons plus d’énergie quand la nuit tombe : nous allumons les lumières bien sûr, mais nous avons aussi tendance à monter le chauffage (alors qu’on s’accommode mieux de la fraîcheur quand on dort sous la couette).

Ainsi, quand nous passons à l’heure d’été, nous rajoutons une heure à celle d’hiver (qui est considérée comme l’heure “standard”). Nous pouvons dire qu’en été, 8 h du matin correspond à 7 h en hiver. Tant mieux, car en plein été, le soleil est déjà levé depuis au moins une heure ! De même, si l’heure d’hiver durait toute l’année, le soleil ne se coucherait pas à 22h mais à 21h au jour le plus long (21 juin) – dommage, on aurait peut-être aimé en profiter un peu plus !

Les objectifs secondaires

Le changement d’heure est rapidement devenu une tradition dans de nombreux pays. Certaines personnes y sont même attachées : qui n’a pas entendu dire qu’il était exquis de dormir une heure de plus la nuit du passage à l’hiver ?

Et puis, les Français semblent apprécier le fait de profiter d’un ensoleillement plus long, pour les matinées comme les soirées estivales. D’ailleurs, en 2019, quand l’Assemblée nationale a lancé une grande consultation, l’heure d’été avait remporté presque 60% des suffrages – sur plus de 2 millions de votants !

C’est vrai que la lumière est bonne pour le moral. Mais elle est aussi bénéfique à notre sécurité. C’est l’un des bénéfices secondaires du changement d’heure : il prévient certains accidents (notamment les accidents de la route) et même certains crimes (les vols et les agressions étant plus fréquents quand la nuit est noire).

Changement d’heure et économies d’énergie : quels résultats ?

Revenons aux fondamentaux. En 1976, si “l’heure Giscard” (c’est comme ça qu’on l’appelait) fut mise en place, c’est surtout parce qu’on lui prêtait des vertus écologiques. Mais, dès le début, l’efficacité de la mesure a fait polémique… En aurait-on trop fait ?

Des économies réelles… mais marginales

En 2017, le rapport européen EU summer-time arrangements a fait le point sur les économies vraiment réalisées. Les études montrent que les situations sont très contrastées selon les pays, et que les économies d’énergie se situeraient entre 0,5% et 2,5%.

Selon le rapport, les économies d’énergie sont plus importantes dans les pays du Sud que dans les pays du Nord. Pour d’évidentes raisons géographiques, les pays du Sud comme la Grèce profitent davantage de l’heure d’été puisque le soleil s’y couche relativement tôt. Au contraire, dans un pays comme la Suède, la durée d’ensoleillement est plus ou moins décorrélée de l’heure (l’été, le soleil ne se couche presque jamais ; l’hiver, au contraire, c’est la nuit sans fin).

Changement d’heure et économies d’énergie : une relation qui se distend ?

Problème : les économies d’énergie permises par l’heure d’été tendent à diminuer… Récemment, l’ADEME estimait qu’en France, les économies annuelles n’étaient plus que de 351 GWh… soit environ 0,07% de la consommation d’électricité totale du pays.

Que s’est-il passé ?

En fait, la lumière n’est plus un poste énergétique aussi important qu’auparavant : l’ADEME estime que nous consommons 49 TWh par an pour nos éclairages, ce qui représente un peu plus de 10 % de la consommation nationale totale d’électricité. C’est sur ces 10% que le changement d’heure entend agir principalement. Une part non négligeable mais plutôt modeste… Et puis de nombreux systèmes, comme les LED ou les ampoules basse-consommation, ont permis d’optimiser la consommation de nos éclairages. Enfin, les autres appareils du quotidien (électronique, écrans, climatiseurs) ont tendance à consommer de plus en plus d’énergie (ce qui, mécaniquement, fait baisser la part que représente l’éclairage).

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Dans les grandes villes, les lumières des rues, des commerçants et des bureaux restent souvent allumées toute la nuit pour rien… été comme hiver !

Le changement d’heure n’est donc plus aussi pertinent qu’avant… Si bien que les gouvernements évoquent sa prochaine suppression… Mars 2021 sera-t-il vraiment le dernier changement d’heure ? Ce qui fut annoncé n’aura probablement pas lieu. La tradition perdure… peut être sans vraie raison.

En tout cas, si vous souhaitez faire des économies d’énergie, il y a des solutions plus efficaces : on vous donne plein d’astuces pour consommer moins d’électricité et profiter plus !

L'équipe rédactionnelle d'Octopus Energy

Publié le 15 mars 2021

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